Chargement en cours...

ceux qu'ils restent

2020-04-15

Série photographique format 6x7 prise dans la région du bourbonnais en hiver. Tirages variables sur papier gélatino-argentique baryté, 2020.

«Bastien est confronté à un mystérieux théâtre chinois. Il n’est pas sans remarquer le mimétisme qui règne entre le bocage lui même et ses habitants, qui sont tellement intégrés dans leur univers végétal et bâti, qu’ils surfent à travers les haies, les bois et les taillis, les prairies et même à la surface des grands étangs frontaliers du Berry, à la limite des villages et des hameaux encore endormis, engourdis, silencieux et discrets.»
Extrait de «Parole de Bastien Fait d’herbe» de Jacques Paris

Ce projet est naît lors d'une résidence longue à l'espace Boudeville (Dompierre sur Besbre). C'était la première fois que j'intégrais directement la figure humaine en photographie. Autant par les prises de vue et la disposition des photographies, j'essayais d'intégrer les habitants au sein de leur paysage respectif. J'ai travaillé avec chaque personne pour trouver un lieu qui fasse sens pour lui (symbolique/souvenir) et pour moi (esthétique). À l'image de ses habitants, le paysage est à travers cette série ainsi que dans son agencement (bocage bourbonnais) définitivement humanisé.
Cet endroit en France est un des biotopes les mieux conservés, quant aux traditions, beaucoup d'entre elles restent vives. Cela entre en confrontation avec la modernité à la fois par une marginalisation ou par une confrontation subite*. Car comme beaucoup de campagnes française, l'Allier est confronté à la désertification, le chômage, l'impact de l'agriculture moderne... Loin d'être un simple reflet du passé nostalgique, je voulais montrer à travers cette série une zone de conflit entre tradition et modernité, une ligne d'échange**, constituée d'individus et de paysages hétéroclites.

*"La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires"Christophe Guilly, ed Flammarion, 2015